Quand les loups-garous vous gardent éveillés la nuit…
Notre Dame des Loups, Adrien Tomas
“Le silence est omniprésent.”
- Adrien Tomas, Notre Dame des Loups.
Incipit
La nuit, dans une forêt enneigée, deux silhouettes progressent, éclairées par la pleine lune. L’une sifflote, insouciante, l’autre, beaucoup plus anxieux, s’arrête à chaque arbre, examinant avec soin son environnement avant de passer à l’arbre suivant.
INKY : Ça va Peete ? Tu as l’air bizarre. Tu as peur du grand méchant loup ?
PEETE : Chhhhhht ! Ils vont nous entendre !
I : Qui donc ?
P : Les loups garous, les Rejs comme ils disent ! Les chasseurs de loups : les Veneurs ! Et la Dame… Je ne sais pas lesquels sont les plus dangereux…
I : Toi, tu t’es laissé piégé par cette histoire qu’Adrien Tomas nous a racontée à l’auberge. Mais ça reste une histoire inventée, rien n’est vrai, tu sais !
P : Et bien non, justement, je ne sais pas… Ça m’avait l’air très réel !
I : C’est le but des bonnes histoires. Mais tu connais Monsieur Tomas, il ne raconte QUE des histoires formidables !
P : Oui je sais bien… N’empêche que celle-ci est particulièrement terrifiante !
Un hurlement de loup retentit au loin. Suivi d’un autre, qui lui répond.
Les deux amis se rapprochent instinctivement, et se placent dos à dos, en position de défense.
P : Tu as entendu ? C’est les Rej. Ça y est, c’est fini, on va mourir ici, déchiquetés par leurs crocs, transpercés par leurs griffes. Et on n’a même pas de Vif Argent pour les ralentir !
I : Ça suffit Peete ! Tu me stresses !
P : Tu as entendu l’histoire comme moi : ils y sont tous passés. Tous les chasseurs de loups garous. Un par chapitre ! Tous des morts horribles !
I : Stop. D’abord, on ne sait pas s’ils sont tous morts à cause des loups. Ensuite, ils n’étaient que sept ! Sept, ça va vite…
P : Mais, Inky, nous on n’est que deux !!!
I : Oui, d’accord. Mais premièrement, la Dame, elles ne se montre jamais. On n’est même pas certains qu’elle existe pour de vrai. Deuxièmement, nous, on n’est pas des veneurs, et on n’est donc pas des ennemis de la Dame et de ses rejetons. Donc, elle n’a pas de raison particulière de nous en vouloir et de leur ordonner de nous attaquer…
P : Euh, si je peux me permettre, une meute de loups garous en furie n’a pas besoin d’une autorisation ou d’un ordre pour attaquer des passants innocents. Moi je dis ça…
I : Chut ! Et troisièmement : nous, on est de vrais amis ! Les chasseurs qui sont morts ne s’appréciaient même pas. Ils travaillaient ensemble, pour la complémentarité de leurs compétences : excellents tireurs, dresseuse de chiens de combat, artilleur hors pair, traqueur, leader… Mais ils ne pouvaient ni se supporter les uns les autres, ni se faire confiance. C’est d’ailleurs un des éléments clés et géniaux de cette histoire ! Jusqu’à la toute fin, on ignore si les chasseurs se font tuer par les loups garous, par les manigances de la Dame, ou bien s’ils s’entre-tuent les uns les autres. C’est ce qui fait qu’on est encore plus sur le qui-vive : le danger peut surgir de n’importe où !
P : Mmmouais. Ton raisonnement est un peu bancal quand même.
I : Mais non : écoute, nous, on n’a qu’à se soucier des loups garous… Et de la Dame… Et peut-être des autres chasseurs de loups garous.
Un craquement de branche raisonne tout près.
P & I : Aaaah !
I : Je propose qu’on monte à cet arbre.
P : Ok. Vite !
Ils grimpent en hâte au sapin le plus proche, et s’installent chacun sur une branche, dissimulés par les épines.
P : Inky ?
I : Quoi ?
P : Si on ne passe pas la nuit…
I : Arrête tes bêtises ! Tout va bien se passer.
P : Mais si jamais tout ne se passe pas bien…
I : … Quoi ?
P : J’espère que Monsieur Tomas saura à quel point son histoire est fabuleuse et géniale et obsédante et terrifiante.
I : Je crois qu’il le sait : après tout, il l’a écrite pour ça.
“Sa main gauche saisit tranquillement son vieux pistolet.
Il vise.
Il tire.”
- Adrien Tomas, Notre Dame des Loups.
Excipit
Une lecture ensorcelante !
Je n’ai pas l’habitude de lire ce genre de littérature, à la croisée des chemins entre l’imaginaire, l’épouvante et la Fantasy. Tout simplement parce que je suis une grosse trouillarde. Mais j’avais vraiment envie de découvrir ce roman, et la saison (Automne, Halloween, tout ça.) s’y prêtait bien.
J’ai bien fait : j’ai adoré.
L’histoire est bien ficelée. La parole passe de l’un à l’autre des chasseurs, sans retour en arrière possible. On vit avec eux le stress et l’angoisse permanente de mourir d’une mort violente. On a les poils qui se dressent, et de la vraie chair de poule !
Un seul mot : foncez le lire !
J'ai lu ce livre dans sa version numérique, aux éditions Mnémos.
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